Laissons de côté les résultats de l'élection présidentielle américaine, maintenant entrée dans les faits, et dont nous commencerons à apercevoir les résultats pratiques dans deux mois. Et intéressons-nous à l'élection du candidat de la droite française, à la primaire, qui doit avoir lieu les deux prochains dimanches. Le candidat en tête semble être , à ce jour, l'ancien Premier Ministre Alain Juppé. Nulle surprise si ce choix est confirmé, il figure en première place depuis le début. Par contre l'étonnement vient de la remontée rapide et spectaculaire d'un autre ancien Premier Ministre, François Fillon. Comment ne pas s'interroger sur le rôle de l'ensemble des médias, unanimes à souligner cette remontée, au fil des semaines. Ne peut-on penser que cette affirmation répétée, peut-être à dessein, a permis d'accélérer cette progression. Du coup, l'ancien président Nicolas Sarkozy, apparaît en grande difficulté, et pourrait bien disparaître dimanche soir de la compétition.

Election au singulier, bien entendu il va être question dans cette chronique de l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Le résultat est plus qu'une surprise, mais un tsunami, un bouleversement total des valeurs américaines. Comment un pays, leader du monde occidental, première puissance économique mondiale, peut-il élire deux fois de suite un Président de couleur, et faire succéder à celui-ci un bateleur. Sa campagne électorale l'a vu affirmer en permanence des positions sexistes, racistes, haineuses envers le minorités. Elle a été assortie de promesses de rejeter hors  des frontières tous les étrangers , de construire un mur géant à la limite avec le Mexique, de dénoncer un certain nombre d'accords économiques, de ne plus participer aux opérations pour la paix dans le monde. Un seul allié trouve grace à ses yeux, le président russe Poutine, qu'on ne peut considérer comme un modèle de démocratie. Quand à la Chine, c'est un rejet pur et simple de ce pays qui est promis. Tout ce programme hétéroclite se heurtera dens deux mois aux réalités du pouvoir, et nul doute heureusement ces positions évolueront-elles. Le problème, et c'est en cela que cette élection nous concerne et nous concernera, c'est les conséquences négatives au plan commercial qui vont découler  des différentes positions relatives aux traités commerciaux en cours ou en discussion. Après, convenons que le choix des électeurs américains ne regarde qu'eux, que nous n'avons pas le droit de le juger, et qu'il convient maintenant d'attendre quelques mois pour évaluer la situation. Soyons simplement très vigilants. Aux Etats-Unis comme en Europe, nous assistons actuellement au rejet pur et simple de toute la classe politique, victime de ses errements, de ses abus, de ses promesses non tenues. Tout ceci fait le lit des extrémismes, de droite en particulier. On le voit clairement actuellement en Hongrie, en Pologne, en Autriche. En France le danger s'accroit de voir le Front National s'approcher du pouvoir. Nous devons nous unir pour éviter cette évolution, qui ne pourrait être que préjudiciable à notre tradition républicaine, comme aux valeurs fondatrices de notre  civilisation.

Sans oublier les drames permanents de notre monde actuel, trouvons une lueur d'espoir dans l'actualité.

Lorsqu'on est amené à traverser l'Afrique, de nuit, par avion, pour aller à Madagascar par exemple, on est toujours frappé par le fait que les seuls lieux  illuminés se trouvent le long des côtes, dans les villes et les agglomérations. Dès qu'on pénètre à l'intérieur des terres, au contraire, c'est le noir absolu. Le manque d'installations électriques en est la cause. Les résultats de cette carence sont évidents: il est pratiquement impossible d'assurer le développement économique sans électricité, pas de possibilité d'exploiter les minerais, nombreux sur ce continent, des difficultés énormes pour assurer les communications(Internet et téléphones mobiles doivent pouvoir bénéficier de courant électrique pour fonctionner). Mais que dire alors de de l'impossibilité pour les élèves des écoles, collèges, universités , qui doivent pouvoir travailler chez eux pour espérer progresser...Il importe donc de mettre fin au plus vite à ces insuffisances graves et chroniques.

Depuis deux ans, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'Ecologie français, s'est lancé à corps perdu, avec l'appui du Président de la République, et du ministre des Affaires étrangères, dans une croisade pour assurer l'électrification de l'Afrique. Reçu par la plupart des Chefs d'Etat Africains et des Présidents en place, le responsable de la Fondation "Energie Pour l'Afrique" espère améliorer au plus vite le ratio actuel d'électrification: la seule Espagne dispose actuellement d'une production d'électricité équivalente à celle de l'ensemble de l'Afrique... Autant dire que les espoirs sont permis, mais les efforts indispensables.

Mossoul va être libéré! Dans tous les médias, la nouvelle court, Daech va être bouté hors du territoire conquis il y a deux ans et demi.. Il est en effet très probable que les forces du gouvernement irakien, appuyées par leur puissant allié américain, vont venir à bout de la résistance des quelques 3500 à 5000 combattants retranchés dans la ville, au milieu de 1 million 500000 habitants. Oui, mais à quel prix? Combien de ces habitants, enfants, femmes, hommes vont-ils périr, perdre des proches, souffrir dans leur chair,  voir leur monde basculer sans espoir de le retrouver? Dans le même temps, en Syrie, à Alep, les 200000 derniers survivants de cette cité martyre connaissent l'enfer de bombardements quotidiens, méthodiquement éliminés par les aviations d'un dictateur dément et de son allié de circonstance russe, cela sous l'œil indifférent du reste du monde. Un chirurgien, qui maintient courageusement son activité à Alep, déclarait il y a quelques jours: " Pour être protégés, il suffisait jusqu'à présent de mettre sur le toit de l'hôpital une Croix Rouge, ou un Croissant Rouge. Maintenant, il faut les enlever au plus vite, car c'est devenu une cible prioritaire" . Allez, encore un peu de patience, bientôt les 200000 survivants d'Alep ne seront plus là pour nous reprocher notre passivité...

A de très nombreuses reprises, on m'a demandé de prendre la parole, devant des auditoires variés, mais en général scolaires ou universitaires, pour parler de mon expérience dans les actions humanitaires, et pour transmettre celle-ci. Or je suis intimement persuadé qu'en aucune façon l'expérience ne peut se transmettre, mais doit se bâtir au fil des jours, des semaines, des années. Elle est d'abord éminemment évolutive et changeante, en fonction de la perception que l'on a des événements. Ceux-ci peuvent varier à chaque instant, et donc nous obliger à faire évoluer notre vision des choses. D'ailleurs, observez à quel point peuvent être différentes et quelquefois opposées les conclusions tirées par des observateurs dotés de la même sensibilité.  Alors, la transmission d'expérience ne semble pas possible, tout juste peut-on se retrouver sur quelques idées importantes, qui peuvent constituer une règle de vie: nécessité du partage, de la tolérance, de la solidarité, en résumé l'importance capitale de l'amour de l'autre dans la vie courante.